Kevin Johnson
President & CEO
Starbucks Coffee Company
Monsieur le Président,
Sujet: pailles en plastique pour les personnes handicapées
Il y a tout juste un mois vous indiquiez que l’intention de Starbucks d’éliminer les pailles en plastique à usage unique d’ici 2020 à échelle mondiale avait créé une préoccupation importante parmi la communauté des personnes handicapées. De plus, le propos ci-dessous n’a pu apporter beaucoup de réponses à ces préoccupations et a laissé chez de nombreuses personnes handicapées le sentiment qu’elles étaient exclues par la plus grande chaine de café au monde.
Depuis le début d’année, One in Five a œuvré à mettre en évidence aux yeux du public les besoins des personnes handicapées concernant le débat sur les pailles en plastique. Une paille en plastique est bon marché, peut être utilisée tant avec une boisson chaude que froide et est toujours facilement disponible.
Pour certaines personnes handicapées, ces caractéristiques sont vitales lorsqu’il s’agit de pouvoir vivre et rester indépendant. Notons ici que par “personnes handicapées” nous voulons parler de personnes ayants différents besoins et déficiences et que c’est l’accessibilité pour tous aux pailles en plastique à l’idée d’une interdiction pure et simple qui nous inquiète.
Comme vous le savez probablement, la plupart des solutions alternatives à base de papier ou autres ne sont ni flexibles ni appropriées aux boissons chaudes au-dessus de 40°C. Boire avec une paille qui se détrempe et se détériore n’est non seulement pas pratique mais représente aussi un danger d’étouffement pour les handicapés lents à boire. Les pailles dures, celles en métal par exemple, conduisent hélas la chaleur et constituent un danger évident pour les personnes handicapées qui ne peuvent contrôler leur morsure ou bien qui ont des problèmes neurologiques comme la maladie de Parkinson. Les pailles réutilisables en plastique présentent un risque hygiénique pour les personnes atteintes de certains handicaps et peuvent être difficiles à nettoyer.
Il n’est pas acceptable d’avoir des pailles “à la demande” pour clients handicapés. Cela contribuerait à un sentiment de culpabilité de vouloir consommer – ou bien d’avoir simplement besoin – d’une boisson. Il n’est pas non plus acceptable pour les personnes bien portantes d’attendre des personnes handicapées qu’elles portent inlassablement avec elles une paille au cas où elles auraient soif. Faire supporter un nouveau coût aux handicapés n’est pas acceptable si l’on accepte l’idée que l’on doit rendre le monde plus accessible à tous et à chacun. On ne peut promouvoir de développement durable sans justice sociale.
Starbucks a fait ses preuves en matière de d’accès et d’inclusion des personnes handicapées : là où votre organisation ouvre la voie, d’autres suivent. Malheureusement le débat concernant les pailles est identique. Les cafés européens et américains abandonnent les pailles en plastique sans prendre en considération les besoins des personnes handicapées. Cependant, vous êtes en mesure de changer cela.
Nous croyons que la seule solution qui débarrassera nos océans, nos plages et nos parcs des plastiques inutiles à usage unique tout en répondant aux besoins des personnes handicapées consiste pour des organisations comme Starbucks à investir dans la recherche et développement d’un nouveau type de paille qui soit accessible à tous, y compris aux personnes bien portantes.
Notre question est simple. Travaillerez-vous avec nous, et les personnes handicapées du monde, en vous engageant à chercher une solution écologique viable qui réponde à nos besoins ?
Cette lettre a été co-signée par des organisations de personnes handicapées, des organisations caritatives pour des personnes handicapées, des handicapés notables et des représentants politiques de toute l’Amérique du Nord et d’Europe.
Dans l’attente de votre réponse, nous vous prions de bien vouloir agréer, Monsieur le Président, l’expression de nos respectueuses salutations.
Jamie Szymkowiak and Pam Duncan-Glancy
One in Five